Vous venez de perdre un proche au Sénégal et vous découvrez que vous faites partie des héritiers d’un bien immobilier ? Selon l’ANSD, plus de 65% des héritiers résidant à l’étranger rencontrent des difficultés majeures dans la gestion de leur succession sénégalaise. Le défi devient encore plus complexe quand on constate que la succession immobilière constitue un enjeu majeur pour de nombreuses familles souhaitant préserver leur patrimoine tout en respectant les lois en vigueur.

D’après le Code de la famille sénégalais, deux systèmes successoraux coexistent : le droit moderne (ou droit commun), qui ne fait pas de distinction fondée sur le sexe, et le droit musulman, qui consacre un privilège masculin. Cette dualité juridique complique significativement les successions pour la diaspora, particulièrement quand plusieurs héritiers résident dans différents pays.

Contrairement aux guides généralistes disponibles en ligne, cet article traite spécifiquement des défis rencontrés par les héritiers diaspora et fournit des solutions pratiques pour gérer une succession immobilière sénégalaise depuis la France, le Canada ou tout autre pays de résidence. À la fin de votre lecture, vous maîtriserez les trois régimes successoraux applicables, connaîtrez les délais précis à respecter et disposerez d’outils concrets pour éviter les conflits familiaux.

Code de la famille sénégalais vs droit coutumier

Le législateur sénégalais prévoit un droit d’option avec toutefois une préférence en faveur du droit moderne, le droit musulman n’étant applicable que si le de cujus l’avait choisi et la preuve devant être apportée par les héritiers demandeurs. Cette particularité du système juridique sénégalais crée souvent des incompréhensions pour les héritiers diaspora non familiarisés avec ces subtilités.

Le droit moderne (Code de la famille) s’applique par défaut et prévoit une répartition égalitaire entre héritiers sans distinction de sexe. Héritage civil : Régi par le Code de la famille, il prévoit une répartition égalitaire entre les héritiers. Ce régime protège notamment les droits des femmes et des enfants naturels reconnus.

Le droit musulman ne s’applique que sur choix explicite du défunt. Aux termes de l’article 571 ces règles s’appliquent « aux successions des personnes qui, de leur vivant, ont, expressément ou par leur comportement, indiscutablement manifesté leur volonté de voir leur héritage dévolu selon les règles du droit musulman ». Dans ce cas, les héritiers masculins reçoivent deux fois la part des héritières féminines.

Important : En pratique, les tribunaux sénégalais appliquent souvent le droit musulman même sans volonté expresse formelle du défunt, s’appuyant sur l’interprétation du « comportement » religieux. Cette réalité judiciaire diffère parfois du principe théorique d’application par défaut du droit moderne.

Le droit coutumier traditionnel, bien que moins formalisé, reste applicable dans certaines communautés rurales et n’est pas trop formaliste en matière de succession et exclut très rarement un héritier consanguin de l’héritage.

Impact du pays de résidence des héritiers

La résidence à l’étranger des héritiers n’influence pas le choix du régime successoral applicable, qui reste déterminé par la volonté du défunt ou l’application du droit commun par défaut. Cependant, Dans le cas du partage d’une même succession entre des cohéritiers étrangers et sénégalais, ceux-ci prélèveront sur les biens situés au Sénégal une portion égale à la valeur des biens situés en pays étranger dont ils seraient exclus.

Cette disposition protège les héritiers sénégalais contre d’éventuelles discriminations dans d’autres pays, mais peut compliquer les partages impliquant des héritiers résidant dans plusieurs juridictions.

Impact du pays de résidence des héritiers

La résidence à l’étranger des héritiers n’influence pas le choix du régime successoral applicable, qui reste déterminé par la volonté du défunt ou l’application du droit commun par défaut. Cependant, Dans le cas du partage d’une même succession entre des cohéritiers étrangers et sénégalais, ceux-ci prélèveront sur les biens situés au Sénégal une portion égale à la valeur des biens situés en pays étranger dont ils seraient exclus.

Cette disposition protège les héritiers sénégalais contre d’éventuelles discriminations dans d’autres pays, mais peut compliquer les partages impliquant des héritiers résidant dans plusieurs juridictions.

Cas concrets diaspora France/Canada

Exemple diaspora France : Marie, résidente française, hérite avec ses deux frères restés au Sénégal d’une villa aux Almadies. Aucun testament n’ayant été rédigé, le droit moderne s’applique automatiquement avec partage égalitaire à trois (33,33% chacun).

Exemple diaspora Canada : Amadou, citoyen canadien, découvre que son père défunt avait expressément choisi le droit musulman. En présence de sa sœur et de leur mère, Amadou hérite de 4/9 de la succession, sa sœur de 2/9 et leur mère de 3/9, selon les règles coraniques.

Cas mixte complexe : Une succession impliquant des héritiers au Sénégal, en France et au Canada nécessite souvent l’intervention de notaires spécialisés dans les successions internationales pour coordonner les procédures selon les conventions bilatérales.

Procédure étape par étape (délais et pièces 2025)

Timeline détaillée : de 6 à 18 mois

La déclaration de succession doit être faite auprès des autorités fiscales dans les six mois suivant le décès, incluant le dépôt de pièces comme l’acte de décès et le livret de famille. Cette règle s’applique indépendamment du lieu de résidence des héritiers.

Mois 1-2 : Phase d’urgence

  • Obtention acte de décès : 72 heures maximum auprès de l’état civil du lieu du décès
  • Contact notaire spécialisé succession internationale : 7-10 jours pour éviter les blocages
  • Recherche héritiers et notification diaspora : 30 jours via les consulats si nécessaire

Mois 2-4 : Instruction du dossier

  • Le notaire procède en premier lieu à l’élaboration de l’acte de notoriété. Il s’agit d’un document qui répertorie les héritiers à la succession et les proportions de leurs héritages
  • Inventaire complet des biens immobiliers : 45-60 jours incluant les évaluations
  • Constitution dossier complet avec traductions assermentées

Mois 4-6 : Déclarations et formalités

  • Déclaration de succession obligatoire : avant 6 mois sous peine de pénalités
  • Paiement droits de succession : simultané à la déclaration
  • Suite à la demande de mutation par décès d’un titre foncier au Sénégal, vous obtenez un titre foncier du défunt muté au nom de ses héritiers

Mois 6-18 : Partage et finalisation

  • Négociation partage entre héritiers : variable selon entente
  • Signature acte de partage définitif : 12-18 mois en cas de complexité
  • Régularisation titres fonciers individuels

Documents obligatoires + traductions

Documents de base (délai 30 jours)

  • Acte de décès intégral (original + 5 copies)
  • Livret de famille ou certificat de nationalité
  • Pièces d’identité de tous les héritiers
  • Justificatifs de résidence des héritiers diaspora

Documents patrimoniaux (délai 60 jours)

  • Titres fonciers de tous les biens immobiliers
  • Actes de vente antérieurs et hypothèques
  • Relevés bancaires des 12 derniers mois
  • Contrats d’assurance-vie et épargne

Traductions assermentées obligatoires

  • Tous documents étrangers : traduction certifiée par consulat sénégalais
  • Coût moyen : 15 000-25 000 FCFA par document
  • Délai : 7-15 jours ouvrables selon le consulat

Coûts prévisionnels chiffrés

Pour un terrain dont le prix de vente est compris entre 1 et 20 millions par exemple, le notaire devra percevoir 4,5% sur le montant. Si la valeur du bien immobilier oscille entre 20 et 80 millions, les frais de notaire s’élèvent dans ce cas à 3% de la valeur du bien.

Exemple chiffré villa 50 millions FCFA :

  • Droits d’enregistrement : 5% soit 2 500 000 FCFA
  • Émoluments notaire : 3% (tranche 20-80M) soit 1 500 000 FCFA
  • TVA sur émoluments : 18% soit 270 000 FCFA
  • Droits de mutation foncière : 1% soit 500 000 FCFA (minimum 6 500 FCFA par titre)
  • Frais annexes (traductions, procurations) : 200 000 FCFA

Total estimé : 4 970 000 FCFA soit 9,94% de la valeur du bien

Majoration diaspora : Prévoir 15-20% supplémentaires pour procurations, frais bancaires internationaux et coordination multi-pays.

Gestion de l'indivision : options et stratégies

droit des successions

Vendre le bien : procédures depuis l'étranger

Si un de vos proches décède et qu’il y a plusieurs héritiers, les biens de la succession sont en indivision. Cela signifie qu’ils appartiennent à l’ensemble des héritiers. La vente d’un bien en indivision nécessite l’accord unanime de tous les héritiers, ce qui peut s’avérer complexe quand certains résident à l’étranger.

Procédure standard unanimité :

  1. Estimation professionnelle par expert agréé sénégalais : 150 000-300 000 FCFA
  2. Mandat de vente collectif signé par tous les héritiers avec procuration consulaire
  3. Mise sur le marché via agence locale spécialisée successions
  4. Signature acte authentique chez le notaire avec représentation légale

En cas de refus d’un héritier, si l’actif de l’indivision est composé de plusieurs biens, la vente du seul immeuble indivis à un tiers revient à un transfert de propriété d’une partie des quotes-parts d’indivision. Les héritiers majoritaires (détenant 2/3 des parts) peuvent saisir le tribunal pour autoriser la vente forcée.

Racheter les parts d'autres héritiers

La seconde option de sortie est de racheter les quotes-parts des autres indivisaires ou leur faire racheter sa propre quote-part de droits. Il sera nécessaire de fixer le prix de la ou des quotes-parts cédées.

Méthode d’évaluation :

  • Expertise immobilière obligatoire par professionnel agréé
  • Prix = (Valeur vénale – Dettes) × Quote-part cédée
  • Négociation éventuelle selon situation familiale et urgence

Formalités rachat :

  • Notification préalable aux autres héritiers (droit de préemption)
  • Acte notarié obligatoire avec calcul des soultes
  • Droits d’enregistrement : 5% sur la valeur de la quote-part acquise
  • Délai légal : 2 mois pour finaliser après accord

Avantages diaspora : Permet de devenir propriétaire unique et de gérer le bien librement (location, vente, rénovation) sans accord unanime permanent.

Mise en location collective : répartition revenus

L’indivision peut être maintenue avec mise en location du bien, les revenus étant répartis selon les quotes-parts héréditaires. Cette option convient aux héritiers diaspora souhaitant conserver un lien patrimonial avec le Sénégal.

Convention d’indivision recommandée :

  • Mandataire unique désigné pour la gestion (souvent l’héritier local)
  • Répartition charges et revenus selon quotes-parts exactes
  • Procédure décisionnelle : unanimité pour vente, majorité 2/3 pour travaux
  • Durée limitation : 5-10 ans renouvelable pour éviter l’indivision perpétuelle

Fiscalité revenus locatifs diaspora :

  • Imposition Sénégal : retenue à la source 20% sur revenus fonciers
  • Conventions fiscales : évitent la double imposition selon pays résidence
  • Déclaration obligatoire dans les deux juridictions avec crédit d’impôt

Éviter les conflits familiaux : médiation et solutions

Signaux d'alerte indivision conflictuelle

Beaucoup de conflits sont associés à de la souffrance psychique. C’est particulièrement vrai des conflits autour de la sphère familiale. La distance géographique et les différences culturelles d’adaptation diaspora amplifient souvent les tensions successorales.

Indicateurs de tension précoce :

  • Communication rompue entre héritiers depuis l’annonce du décès
  • Contestation régime successoral applicable (droit moderne vs musulman)
  • Désaccord valeur biens avec surenchères d’expertises multiples
  • Blocage procédures par défaut de signature ou procuration manquante
  • Accusations mauvaise foi sur gestion ou dissimulation d’actifs

Facteurs aggravants diaspora :

  • Méconnaissance juridique locale créant suspicions mutuelles
  • Différences de situation économique entre héritiers selon pays résidence
  • Pression temporelle délais légaux mal comprise depuis l’étranger

Recours amiable vs judiciaire

Médiation familiale spécialisée succession constitue souvent la solution optimale avant judiciarisation. La médiation est souvent un premier recours précieux, ce processus implique un médiateur neutre qui aide les parties à discuter de leurs différends et à trouver un terrain d’entente.

Médiation amiable (délai 2-4 mois) :

  • Coût : 300 000-500 000 FCFA selon complexité
  • Taux succès : 75-80% des cas résolus favorablement
  • Avantages : confidentialité, préservation relations familiales, créativité solutions
  • Organismes : Centre de médiation notariale, associations familiales agréées

Procédure judiciaire (délai 12-24 mois) :

  • Coût : 1 500 000-3 000 000 FCFA (avocats + frais justice)
  • Tribunal compétent : Tribunal de grande instance lieu d’ouverture succession
  • Risques : rupture définitive liens familiaux, publicité procédure
  • Issue : vente aux enchères judiciaires souvent décotée

Thié FALL, Expert immobilier diaspora sénégalaise
• Formation juridique Sorbonne
• 6+ ans immobilier digital
✅ 75 acquéreurs accompagnés depuis 2021
🎯 Spécialiste VEFA Dakar-Thiès-Mbour
🏠 🇸🇳 Mission "zéro arnaque" diaspora

FAQ - Succession immobilière Sénégal diaspora

La déclaration de succession doit être faite auprès des autorités fiscales dans les six mois suivant le décès, quel que soit votre pays de résidence. Ce délai est impératif sous peine de pénalités de 10% la première année puis 40% au-delà.

Oui, mais cela nécessite une procuration consulaire authentique pour mandater un notaire sénégalais. Comptez 2-3 semaines supplémentaires pour les formalités consulaires et 15-20% de surcoût pour la coordination à distance.

Le législateur sénégalais prévoit un droit d’option avec toutefois une préférence en faveur du droit moderne. En l’absence de testament, le Code de la famille s’applique automatiquement avec répartition égalitaire entre héritiers. Attention : en pratique, les tribunaux appliquent souvent le droit musulman même sans volonté expresse formelle.

La médiation est souvent un premier recours précieux, ce processus implique un médiateur neutre qui aide les parties à discuter de leurs différends. Privilégiez la médiation familiale (75-80% de succès) avant toute procédure judiciaire coûteuse.

Comptez 8-12% de la valeur du bien selon la tranche. Pour un terrain dont le prix de vente est compris entre 1 et 20 millions par exemple, le notaire devra percevoir 4,5% sur le montant, plus 5% de droits d’enregistrement et diverses taxes.

En absence d’accord, le consentement des indivisaires détenant au moins 2/3 des quotes-parts suffit pour demander au Tribunal judiciaire d’autoriser la vente. La procédure judiciaire dure 12-18 mois avec vente aux enchères finale.

Les conventions fiscales France-Sénégal et Canada-Sénégal évitent la double imposition. Consultez un fiscaliste international car les règles d’imputation varient selon votre statut de résident fiscal.

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